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RIESENER Jean-Henri

Jean-Henri Riesener (4 juillet 1734 - 6 janvier 1806) - maîtrise obtenue le 23 janvier 1768, date à laquelle il commence à utiliser sa propre estampille, et, en juillet 1774, le titre d'ébéniste ordinaire du Mobilier de la Couronne, en remplacement de Gilles Joubert. Le plus grand ébéniste de son époque.

Jean-Henri Riesener

   Un visage rond, des yeux qui pétillent, des cheveux poudrés et coiffés à la mode », tel est le portrait que laissa un peintre de l’époque de Jean-Henri Riesener.

Ebéniste favori de Marie-Antoinette, Riesener est le maître incontesté du meuble Louis XVI, par l’ampleur et la diversité de son œuvre mais aussi par la très grande qualité de ses meubles et par la somptuosité des ouvrages sans égales commandés par la cour. Né à Gladbeck - un bourg proche d’Essen en Allemagne - de son vrai nom Johan Herman Riesener, il arrive très jeune comme apprenti dans l’atelier parisien de Jean-François Oeben, menuisier-ébéniste du roi à l’Arsenal pour finir par y devenir son principal associé. Il marque alors dans une première mesure ses meubles sous le label « Oeben ». Ces deux ébénistes se trouvent indissolublement liés : d’abord par une œuvre commune d’une grande qualité, le grand bureau à cylindre du roi, commencé par le premier et fini par le second, puis une nouvelle fois lorsque Riesener épouse la veuve d’Oeben, Françoise Marguerite Vandercruse en 1767.

Reçu maître en 1768, il est nommé ébéniste ordinaire du mobilier de la Couronne en 1774 en remplacement de Gilles Joubert. Il entre alors dans une période de succès qui dure près de dix ans. Ebéniste privilégié, logé et protégé par le roi, Jean-Henri Riesener a ainsi la possibilité d’enfreindre toutes les règles et travaille à sa guise. Par l’inventaire du garde-meuble, nous savons qu’il livre de 1774 à 1784 près de 700 meubles pour la cour. S’ils ne les signent pas tous, ils portent généralement au revers une étiquette numérotée.

Riesener décline finalement dans les années 1785 où il est progressivement évincé du Garde-Meuble de la couronne en raison des prix déraisonnés qu’il demande. On lui préfère son homologue Beneman. Riesener reste tout de même en faveur auprès de la reine qui lui passe encore des commandes. Au cours des ventes révolutionnaires, Riesener rachète quelques-uns des meubles qu’il livra au Garde-Meuble. Il envisage alors de les revendre et tente de le faire à plusieurs reprises. Il publie d’ailleurs pour ce faire une annonce qui propose: « les beaux ouvrages d’ébénisterie de la fabrique du citoyen Riesener, ébéniste, savoir : secrétaires, commodes, bureaux, tables et bibliothèques, toilettes, cassettes, secrétaires de voyage, la plus grande partie d’acajou le mieux poli, des pièces en lien avec la marqueterie ombrée, d’ébène destinées pour le cabinet intérieur du château de Versailles, le tout richement orné de belles frises et guirlandes, fleurs et ornements, modèles nouveaux, supérieurs et ciselés par les plus habiles artistes de Paris et la plus belle dorure en or mât ».

Elève d’Oeben, il adopte les formes rectilignes du style Louis XVI mais garde fréquemment un léger mouvement, souvenir du style Louis XV, visible dans la cambrure des pieds ou le profil découpé des tabliers. Il aime les marqueteries géométriques, les paniers fleuris ou les bouquets au modelé accentué. Les bronzes, beaucoup plus finement ciselés que ceux d’Oeben sont influencés de l’Antiquité : frisées de postes, rinceaux, acanthes ou encore rosaces.

Pierre Lemaitre
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