HAUPT Georg
Georg Haupt (12 août 1741 - 23 septembre 1784), fameux ébéniste suédois, fils de Elias, menuisier de la Cour de Suède, il fut mis en apprentissage chez le maître Eckstein. Il a laissé une oeuvre d'inspiration très française.
Dès l'âge de treize ans, Georg Haupt fut mis en apprentissage chez le maître Jean Eckstein, auprès duquel il demeura jusqu'en 1759. Il voyagea ensuite pour perfectionner son goût et ses talents. Après un séjour à Paris, où il passe pour avoir travaillé dans l'atelier de Leleu, il se rendit en Angleterre. Pendant qu'il se trouvait à Londres, en 1769, lui parvint un brevet le nommant ébéniste de la Cour de Suède, ce qui laisse supposer qu'il avait déjà envoyé dans sa patrie des productions témoignant de ses mérites.
Revenu à Stockholm, Haupt entreprit sur ses propres dessins un important bureau dédié au roi Adolphe-Frédéric et présenta cette pièce comme chef-d'oeuvre pour obtenir la maîtrise, qui lui fut conférée, avec les félicitaions des ses juges, le 13 décembre 1770.
L'année suivante il épousa une fille de son confrère Christian Linning et alla s'installer dans la Smalands-gatan où il exerça le reste de sa vie. Gustave III venait de monter sur le trône. Ce prince, qui aimait le luxe et les arts, marqua pour Haupt une grande estime, le rémunérant avec magnificence et le pensionnant sur sa cassette.
En 1779, veuf depuis peu, l'ébéniste de la Cour se ramariat avec une fille de Stockholm, Sarah Thuring, qui continua plus tard d'exploiter l'atelier. Il entrait dans sa quarante-quatrième année, lorsqu'il mourut subitement, foudroyé par une congestion.
L'OEUVRE DE GEORG HAUPT
Comme presque tous les ébénistes suédois du XVIIIe siècle, Georg Haupt a laissé une oeuvre d'inspiration très française. Les enseignements qu'il avait reçus à Paris le rattachaient à notre école. Il était d'ailleurs tenu de suivre nos modes pour plaire à un souverain qui, dans les grandes choses comme dans les moindres, se montrait un admirateur passionné de France.
Les beaux meubles faits sous la conduite de Haupt reproduisent les formes en honneur chez nous vers la fin du temps de Louis XV et le règne suivant. A peine peut-on percevoir parfois, dans l'ensemble de leur structure, un peu de dureté ou de lourdeur qui leur donnent un aspect distinct, sans nuire sensiblement à leur élégance. La plupart sont enrichis de cuivres admirables, dont le style est si pur, la ciselure et la dorure si fines, qu'on les croirait volontiers de provenance parisienne.
Mais, en imitant les modèles de nos maîtres, Haupt savait rester original. Il décorait en effet ses ouvrages dans un goût particulier, très délicat et un peu froid, où se manifestent des réminiscences de l'art anglais qu'il avait étudié à Londres. Leurs marqueteries comportent le plus souvent un sujet allégorique autour duquel s'enroulent ou se déploient des guirlandes de laurer. Ces compositions doivent beaucoup de leur caractère aux ressources que l'artiste tirait de la pyrogravure par la vigoureuse délinéation des contours et la netteté des hachures qui expriment les ombres. Quelquefois même, sans recourir à des incrustations en bois de couleur, il ornait ses panneaux d'un simple dessin au trait, rehaussé par des touches de peinture.
Les productions de son atelier ne portent point d'estampille, mais beaucoup d'entres elles sont signées de sa main, soit au stylet sur la façade, soit à la plume, au pinceau ou à la sanguine dans une partie intérieure. Certaines pièces ne portent que son nom de famille; d'autres encore présentent des inscriptions rédigées en suédois ou en français: «fait à Stockholm par georges Haupt, Ebéniste du Roy, l'an 17..» Plus rarement se rencontrent les formules latines: «G : Haupt fec. - Haupt inv. et exc.»
On peut admirer au château de Chantilly une des oeuvres capitales du maître. C'est un superbe cabinet, en forme de secrétaire, offert par Gustave III au prince de Condé avec une collection géologique jadis classée dans ses tirois. Les blocs de minerais et les cristaux de roche qui couronnent le meuble en indiquent la destination, ainsi que les principaux motifs de marqueterie représentant une torche en flammes et des outils de mineur. L'ébéniste exécuta ce travail en 1774 d'après une esquisse de son compatriote, l'architecte J.E Rehn qui semble avoir fréquemment collaboré avec lui.
Pierre Lemaitre
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