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OEBEN Jean-François

Jean-François Oeben - Ébéniste-marqueteur. Paris. Célèbre ébéniste de Louis XV, originaire d'Allemagne. Il travailla dans l'atelier de Charles-Joseph Boulle. Sa vogue ne tenait pas seulement à la perfection de sa technique, mais surtout à l'originalité de ses oeuvres. Il signait J.F. Œben.

Jean-François Oeben

Jean-François Oeben figure comme l’un des plus grands ébénistes de la seconde moitié du XVIIIe siècle, remarquable à plus d’un titre par la qualité de ses ouvrages, par leur valeur esthétique, par le talent de mécanicien qu’il déploie au service de nombreux meubles mécaniques et enfin par le rôle majeur qu’il joue dans l’épanouissement du style néoclassique. Son influence est presque sans limite sur un grand nombre de ses contemporains, notamment ses élèves et collaborateurs.

Né à Heinsberg, non loin d’Aix-la-Chapelle, il est le fils de François Oeben et Mechtild Peters et le frère de Simon Oeben, lui-même ébéniste. Il arrive à Paris – après des études polyvalentes d’ébénisterie, sculpture sur bois, serrurerie ou encore mécanique – où il épouse en 1749 Françoise Marguerite Vandercruse, sœur du célèbre ébéniste. Il réside alors grande rue du Faubourg Saint-Antoine. Deux ans après, il entre dans l’atelier de Charles Joseph Boulle, qui travaille et demeure aux galeries du Louvres. Parallèlement, il commence à travailler à son nom et va alors fournir des marchands comme Lazare Duvaux.

La plus illustre cliente de ce dernier, la marquise de Pompadour, va d’ailleurs devenir sa protectrice. La liste des débiteurs conservée, révèle également des clients comme les duchesses de Brancas, de Lauraguais, les ducs de Choiseul, de Richelieu ou encore la Maréchale de Mirepoix. Parmi les membres de la famille royale, figure la Dauphine Marie Josèphe de Saxe.

Au décès de Charles-Joseph Boulle en 1754, Oeben est nommé ébéniste-menuisier du Roi aux Gobelins. Avec son frère Simon, ils partagent un atelier. Sa grande réputation lui attire de nombreuses commandes qui rendent très vite son atelier bien étroit. Dès 1756, il va obtenir des locaux plus vastes à l’Arsenal où se déroule le reste de sa carrière. Passionné de mécanique, le privilège d’y construire une forge est alors une chance pour Oeben.

Au nombre de ces collaborateurs figurent Riesener et Leleu, mais également divers artisans de grand renom comme le sculpteur Duplessis ou les bronziers Hervieux et Forestier. En 1759, il va obtenir un certificat de fournisseur des maisons royales, renouvelé en 1761 qui lui permet d’obtenir la maîtrise sans frais en vertu du privilège accordé aux ouvriers de la Couronne.

La manière d’Oeben est marquée sans conteste par ses marqueteries : superbes, d’une technique impeccable, elles en font l’un des plus grands maîtres du genre. Fleurs et feuillages en large bouquets, en corbeilles ou en tiges se détachent en bois précieux, de tons clairs, sur un fond plus soutenu, le plus souvent en satiné. Eminemment décoratifs, ils sont dessinés avec précision et souplesse, sans surcharge, très lisibles et habilement nuancés. Des rinceaux d’amarante les encadrent, sinueux sur les meubles Louis XV, rectilignes ou entrelacés de grecque sur les modèles Transition. Ils sont cernés d’un double filet d’ébène et de buis. Plus rigoureuses, plus conforme à l’esprit néoclassique, les marqueteries de motifs géométriques sont également très fréquentes. Elles cohabitent parfois avec les compositions florales, notamment sur les commodes Transition. Les réseaux de cercles entrelacés sont les plus caractéristiques de la manière personnelle de l’ébéniste.

Plus rare, mais tout aussi figurative, une marqueterie de quatre-feuilles dans un quadrillage en sycomore orne, extérieurement et intérieurement, quelques tables liseuses. Des placages unis, de satiné et d’acajou principalement, marquetés en fil dans le sens horizontal ou vertical, habillent aussi des commodes Transition, des bureaux à cylindre et quelques petits meubles. Les bronzes, de très belle qualité, suivent également l’évolution des styles. Ceux des meubles Louis XV se présentent sous forme de longues feuilles et de motifs étirés très éloignés de la rocaille. Malgré un immense talent, sa carrière s’achève par un décès prématuré, alors qu’il est ruiné, moins de deux ans après.

Sa veuve conserve son atelier et en confie la direction à Riesener, qui l’épouse en 1767.

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